Amazon contre les agents IA de Perplexity Comet

Perplexity a été mis en demeure par Amazon pour ne plus utiliser d’agents IA dans son navigateur Comet permettant d’effectuer des achats automatisés. Un bras de fer pour prendre le contrôle des recommandations et achats web a commencé.
Comme d’autres navigateurs basés sur l’IA, Comet développé par Perplexity, peut enchaîner plusieurs tâches à la demande, comme réserver un restaurant en ligne ou passer des commandes sur des applications externes, dont Amazon. Dans ce contexte, le spécialiste du e-commerce a envoyé une mise en demeure à la start-up californienne, lui ordonnant de cesser d’utiliser Comet pour effectuer des achats automatisés sur sa plateforme. Dans un billet de blog intitulé « Bullying is Not Innovation », Perplexity dénonce une atteinte au libre choix des internautes et alerte sur l’avenir des « agents IA », capables d’agir de manière autonome pour leurs utilisateurs.
Par ailleurs, Amazon se défend, invoquant la protection des consommateurs et la qualité de service. Selon la firme, toute application tierce agissant au nom d’un utilisateur doit être transparente et respecter les règles des plateformes. « Nous avons demandé à plusieurs reprises à Perplexity de retirer Amazon de l’expérience Comet, compte tenu de la dégradation significative de l’expérience d’achat et du service client », précise l’entreprise.
Autonomie des IA vs contrôle des plateformes
Pour les analystes, cette affaire illustre les tensions entre les ambitions des agents IA et les intérêts commerciaux des plateformes. « La menace légale d’Amazon montre que l’avenir de l’IA agentique sera loin d’être fluide », note Lian Jye Su, analyste principal chez Omdia. Selon lui, même si des standards ouverts comme MCP ou A2A émergent, la plupart des marques privilégient encore le trafic direct vers leurs interfaces, clé de leurs revenus publicitaires et de leurs données utilisateurs.
En revanche, les agents IA qui se placent entre l’utilisateur et la plateforme risquent de réduire ce trafic et de fragiliser les modèles économiques existants. « C’est une lutte pour le contrôle de l’interface », résume Leslie Joseph, analyste principal chez Forrester. « Des navigateurs comme Comet déplacent l’influence vers le consommateur en filtrant publicités, recommandations et stratégies de prix, piliers du modèle d’Amazon. » Par ailleurs, le géant du e-commerce n’est pas resté à l’écart de cette tendance. L’entreprise développe ses propres outils d’achat dopés à l’IA, comme Buy For Me ou l’assistant Rufus, capables de recommander et commander des produits dans son écosystème. Limiter l’accès des agents tiers garanti à Amazon de protéger ses initiatives internes et les revenus associés.
Vers des règles plus claires pour l’IA agentique
L’issue de ce bras de fer pourrait influencer la future régulation des interactions entre agents IA et plateformes. Les experts anticipent des règles plus claires sur l’accès, l’authentification, l’échange de données et le partage de revenus. « Il n’existe pas de modèle économique unique applicable à tous les secteurs », nuance Lian Jye Su. Même une solution légale sera difficile à uniformiser.
Pour les entreprises, le message est clair : déployer des agents IA autonomes nécessite prudence et transparence. « Les outils reposant sur le scraping ou l’automatisation borderline verront leurs marges de manœuvre réduites », prévient Leslie Joseph. Selon Lian Jye Su, il est essentiel de comprendre le comportement de ses agents et d’instaurer des garde-fous pour éviter toute atteinte aux droits de partenaires, fournisseurs ou concurrents.





